Prieuré de Meillerie

La Nef du XIX ème siécle

 

 

Lorsqu’en 1752 le prieuré de Meillerie est sécularisé, les derniers chanoines qui vivaient là sont chassés. Dés l’année suivante, les habitants se plaignent à l’Ordre des saints Maurice et Lazare de ne plus avoir personnes pour célébrer le culte dans l’église paroissiale située au bord du lac. Le prêtre Guérin Peillex, originaire de Bernex, est nommé curé de Meillerie. Le curé loge au prieuré, et est entretenu par ce même ordre qui lui verse une pension. A ce moment là, Meillerie possède deux églises : une prieurale, que n’ utilisaient que les chanoines, et une paroissiale pour la population (aujourd’hui disparue).

Dés les premiers temps de la Révolution française, Guérin Peillex prête serment, et le prieuré et ses dépendances sont nationalisés, avant d’être rachetés par quelques habitants de Meillerie. En 1811, les mêmes habitants offrent à la municipalité de Thollon (dont fait partie Meillerie à cette époque là) les bâtiments du prieuré afin de loger le curé. La municipalité refuse deux fois mais est contrainte d’accepter sur l’insistance du préfet du département du Léman, qui pour la convaincre avance la possibilité d’agrandir l’église prieurale.

La commune se retrouve donc avec deux églises en très mauvais état à Meillerie, et une à reconstruire entièrement à Thollon. C’est l’église de Thollon qui sera reconstruite la première. La commune n’ayant que peu de moyen, le curé Comte décide de lever des fonds et de prendre en charge la construction, qui commence très mal. On ordonne alors une inspection des travaux.

Le rapport qui est dressé à cette occasion est sans équivoque : pour les inspecteurs, la construction est de mauvaise qualité. Ils jugent que « Le conducteur de l’église ne s’est point conformé au climat de l’endroit, ni voulu écouter et consulter ceux qui s’y connaissaient » : d’après eux, l’église aurait dû être plus basse, ce qui aurait permis de la chauffer plus facilement. D’autre part, « Il a fait faire une porte qui semble une porte d’écurie de vache. La pluie y entre comme dehors ». La construction semble dangereuse aux inspecteurs, qui décident d’en interdire l’accès. S’en suivent des années de procès…

Une fois l’église de Thollon terminée, la municipalité souhaite s’occuper de Meillerie. Mais de toute évidence il y a une église de trop : l’église paroissiale du bord du lac sera abandonnée, tandis que l’église prieurale sera agrandie. Pour ne pas revivre la même situation qu’à Thollon, la municipalité fait dresser des plans ainsi qu’un cahier des charges très détaillés, décrivant la nature des travaux, la provenance des matériaux ainsi que la manière de procéder.

La nef moderne est construite entre la tour et l’église prieurale, à la place d’un ancien mur de défense qui était percé d’archères (les remplois se trouvent aujourd’hui dans le mur de soutènement du cimetière). Le cahier des charges stipule que les fondations devront être fouillées jusqu’au rocher pour construire sur du solide, et que l’on construira d’abord les murs nord et ouest. Cependant, la construction ne se déroula pas comme prévue : initialement, la nef devait être de la même taille que l’ancienne église, mais les habitants voulaient deux autels en façade. On construisit donc la nef plus large que l’église prieurale, devenue chœur de la nouvelle église paroissiale. La nouvelle église possède trois portes : une à l’Ouest et deux au Nord. Une quatrième est percée dans le mur de la nouvelle sacristie. Les fenêtres du chevet furent condamnées, de même que la fenêtre nord. La sacristie fut également détruite et installée dans l’ancienne cuisine du prieuré. Enfin, deux fenêtres modernes furent créées dans le mur sud.

Cette construction eut plusieurs conséquences. Tout d’abord, la tour de défense fut transformée en clocher, l’accès primitif bouchée, une nouvelle porte créée au rez-de-chaussée, et de grandes baies créées au dernier étage de la tour. Enfin, l’élargissement de la nef signa la condamnation de l’aile nord du prieuré.

La construction se termina en 1837, et la commune connaîtra de nombreuses difficultés à payer. L’ingénieur venu constaté la fin des travaux notera que les plans n’ont pas tout à fait été respectés, mais contrairement à celle de Thollon, cette église ne s’est pas effondrée.

                                                                                                                                                               S.B.

 

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